OBSCURAE LIBRARIUM

OBSCURAE LIBRARIUM

mardi 11 novembre 2014

Serment Éternel (concours de nouvelles)



AOUT 2013
Ce concours ci fut semé d'embûches et de précipitations, et fut à mon sens le texte le plus bâclé. Au vu des retours, il semble qu'il ait tout de même plu, bien qu'il fut l'un des seuls à avoir fait un écart conséquent avec le fluff cannonique de 40k, faute de connaissances approfondies sur le sujet que j'ai choisi. 
Sur ce concours, j'ai obtenu la troisième place.
Les règles étaient les suivantes:

Triomphe d'Ullanor et d'Horus Lupercal:

une situation:
aucune spécifiée cette fois
L'introduction du récit
"L'obscurité ...
Le froid ...
Le temps qui s'égraine comme du sable s'écoulant lentement du sommet d'une dune ....
Voilà ce qui caractérisait l'endroit.
En son centre, un être ...
Seul ...
Maintenu par des liens qui l'entravaient ...
Soudain la lumière transperça l'obscurité. Une ouverture apparut dans la paroi lui faisant face.
Une silhouette se dessina dans la clarté ..."

Au moment où le concours débutait, j'avais du boulot par dessus la tête: réorganisation totale d'Obscurae Librarium (mon forum roleplay 40k), retard à rattraper sur mes écrits de l'époque, autre concours de nouvelle hors 40k pour Novembre (en coécriture) finalement avorté, le boulot... bref, c'était tendu!
Au lancement du concours, en pleine lecture alors de la trilogie Eisenhorn, fin du tome 2, je me suis dit "génial! le sujet est tout trouvé! ce sera une entrevue des années après entre Eisenhorn et Pontius Glaw". Le sujet me plaisait et j'avais déjà pratiquement établi toutes les bases. ... Loupé! Je finis le tome 3, et je vois mon occasion s'envoler avec la résurrection et la mort de Glaw. 
Tout à recommencer!
C'est là que je songe, quelques temps après, alors à Malcador le Sigilite qui rend visite à l'Empereur juste après son incarcération et la déroute des armées d'Horus sur Terra. Le truc sympa où il s'adresse à un "légume", voyant là un vieil ami tombé, et se remémore les bons vieux temps (on s'égarerai sur la Grande Croisade, les Guerres d'Unifications, etc...des références en veux tu en voilà), jusqu'à arrivée de Dorn ou d'un custodien pour annoncer la totale défaite des légions renégates qui sont reparties de Terra et le début des purges qui suivront. En gros le truc de "une page se tourne, faisons le point!"
J'apprends un peu plus sur le funeste destin de Malcador finissant grillé peu avant que l'Empereur soit incarcéré! 
Tout à recommencer!
Pris par le temps (on est à une semaine de la fin), ayant été retardé par mon planning sur Obscurae, je réfléchis à toute vitesse, garde l'idée de la salle du Trône, et ponds ce texte, certes un peu à la va-vite, sans plus me renseigner sur le fluff exact.
J'imagine donc Dorn après sa longue et éreintante dispute avec ses frères pour refuser le Codex en venir à la dernière solution désespérée d'aller "rendre visite" à son Père, espérant un "miracle", Guilliman l'y retrouvant pour lui faire comprendre qu'il ne peut qu'accepter (j'en profite même pour glisser en référence deux citations connues à la fin, en les attribuant à leurs auteurs dans un contexte particulier).
Bon effectivement, après recherches à tête reposée, la réalité "canon fluff" est un peu plus violente, surtout sur la fin... 

Liens du concours original:

Voici mon texte:




******************

SERMENT ETERNEL:


L'obscurité ...
Le froid ...
Le temps qui s'égraine comme du sable s'écoulant lentement du sommet d'une dune ....
Voilà ce qui caractérisait l'endroit.
En son centre, un être ...
Seul ...
Maintenu par des liens qui l'entravaient ...
Soudain la lumière transperça l'obscurité. Une ouverture apparut dans la paroi lui faisant face.
Une silhouette se dessina dans la clarté. Un géant aux pas lourds, dont l'aura éclatante paraissait pourtant diminuée, pâle, presque fuyante. Même son armure jadis irradiant de mille feux semblait ternie.

Un instant, la silhouette du colosse s'arrêta dans l'embrasure de l'immense ouverture, laissant un regard vide errer dans ces lieux obscurs où le temps semblait s'être dignement arrêté, comme pour respecter ce qui s'y trouvait.
Seul un doux vrombissement troublait le silence funèbre, tel le murmure d'une profonde cascade souterraine, et l'air avait un léger goût d'ozone.
Mais tout le reste empestait la mort et la douleur.

Le plafond de la salle plongée dans l'obscurité ne pouvait être aperçu, et le sol était dissimulé sous une couche cotonneuse d'un brouillard irréel, nuage spectral errant au gré des quelques courants d'air frais, le faisant ressembler à une légion de fantômes se mouvant et se tordant dans les affres de leur éternelle agonie.
Parfois, un bras nuageux s'étirait suffisamment pour révéler un sol d'acier noir sur lequel serpentaient une multitude de câbles épais, certains parcourus de timides clignotements de lumière. Tous rejoignaient le dispositif central qui s'élevait tel une terrible cage sur laquelle était entravée l'être impassible, immobile, figé dans une contemplation fugitive, ses yeux vitreux tournés vers un univers que lui seul pouvait voir.
Autour de son corps immobile chatoyait une aura à peine décelable.

Le géant laissa échapper un long soupir dans lequel se mêlaient sa douleur et son désespoir, son souffle résonnant en écho gémissant dans la vaste salle. Il avança d'un pas et des silhouettes invisibles derrière lui fermèrent les deux lourds battants de ce qui ne pouvait être décrit que comme une crypte.
L'obscurité englouti à nouveau la salle, et le colosse fut plongé dans les ténèbres qui étouffèrent complètement le rayonnement qui émanait de lui plus que de son armure de feu.

Il fit quelques pas vers l'imposante structure lui faisant front, d'une démarche erratique, comme un objet céleste prit dans le champ gravitique d'un soleil mourant, son regard gris emplit de tristesse fixé sur l'être immobile vers qui il se dirigeait.
Ses deux énormes mains enserraient un long objet enroulé dans un drap de soie pourpre qu'il présentait solennellement devant lui.

Arrivé au pied de la structure s'échappant du nuage de vapeur au sol, il put entendre un peu mieux le vrombissement incessant produit par la machinerie ésotérique permettant au dispositif de fonctionner, de même qu'il sentit sa peau se tendre sous l'effet d'une obscure énergie qui irradiait de ce lieu, l'être immobile étant l'épicentre de cette tension invisible et impalpable.
Son regard se perdit vers le sol brumeux tandis qu'il posait le pied sur la première des marches menant au prisonnier impassible, et ses yeux accrochèrent les vestiges d'un tas de poussière noire, encore incrustés dans le dallage d'acier.
Son coeur se serra lorsqu'il se remémora l'âme exceptionnelle qui avait péri là, offrant ses dernières étincelles de vie dans un sacrifice ultime pour permettre à son maître de subsister quelques instants encore, avant de s'évanouir en un nuage de cendres.
L'être doré se rappellera tout au long de son auguste existence le cri d'agonie emprunt de déférence qui s'échappa du martyr tandis que son corps brisé retournait à la poussière.

Il secoua la tête pour chasser de son esprit la douleur de ce souvenir, et grimpa les dernières marches le menant vers l'être immobile, sentant son corps et son âme crouler de plus en plus sous l'effet de la tension écrasante qui régnait au sommet.
Il fit enfin face au personnage légendaire qui trônait en haut de sa prison, et porta un genou à terre en courbant la tête, laissant une larme rouler sur ses joues creusées de cicatrices et de rides. Il éleva ses mains au dessus de sa tête, dévoilant l'objet majestueux qu'il avait amené avec lui. Il posa avec les plus infimes précautions une épée étincelante sur les genoux de l'être le surplombant, puis releva son visage tremblant d'une profonde tristesse pour contempler le visage fermé du propriétaire de l'arme.

Celui ci ne bougea, pas plus qu'il ne le remercia pour lui avoir retourné son arme fidèle, désormais aussi éteinte que lui.

Après un moment de recueillement, le géant ramena une de ses mains sur son coeur, fermée en un poing, l'autre demeurant sur l'arme endormie.
Sa voix grondant comme un orage lointain brisa le silence devenu maître depuis que l'être le plus puissant de la Galaxie eut prononcé ses derniers mots ici même.
"Les temps sont devenus bien sombres sans toi pour nous guider." dit-il. "Mes frères et moi t'avons pleuré, plus encore que nous avons pleuré nos frères tombés et la trahison qui nous a dévoré."

Il se tut un instant, fermant les yeux alors que la douleur cuisante des récents événements s’imposaient une fois encore à sa mémoire. Des événements qui avaient changé le cours de l'Histoire de manière irrémédiable, et qui en entraînaient d'autres, tout aussi terribles.
Il s'accorda un moment avant de poser à nouveau son regard gris sur l'être devant lequel il s'était agenouillé.
"J'ai besoin de toi, de tes conseils, de ton autorité. Nous tous en avons besoin."

A nouveau, il se tut, tout en se préparant à confier le tourment qui le rongeait et qui justifiait sa visite.
"Mes fils... Il veut me les enlever. Les briser en morceaux, les diviser. Ils sont légions, t'ont servi jusqu'au bout, avec ferveur et amour. Et il veut les séparer. Briser cette fraternité. Briser ce lien unique. Il a peur..."
Il posa son autre genou à terre, dans une posture de supplique désespérée, et posa à nouveau ses deux mains sur l'épée qu'il avait amenée.

"Il m'appelle hérétique! Il n'accepte pas mon refus, et le compare à la trahison de nos frères mille fois maudits! Mes fils! Ma chair! Il veut les séparer... Que dois je faire? N'a-t-on pas eu assez de conflit fraternel? Le sang n'a-t-il pas assez coulé qu'il faille le répandre à nouveau pour défendre ses fils et son honneur?"
Il implora l'être du regard, espérant un réponse qui ne vint pas, car sa bouche était immobile et ses yeux perdus dans le vague.

"Père! Je t'en prie, réponds moi! Aide moi!" supplia le colosse, sa voix gonflée par le désespoir grondant comme un coup de tonnerre dans la salle.

"Il ne peut te répondre, tu sais..." lança une voix puissante derrière lui. "Mais il t'entends, sois en sûr."
Le colosse doré se releva d'un bond, se tournant avec colère vers celui qui était venu briser son entrevue.
"Roboute.." siffla-t-il, sa rancoeur prenant le pas sur sa tristesse.
"Mon frère." répondit celui ci en s'avançant vers lui, levant une main apaisante. "Je t'en prie, cesse cette folie.
-Je ne te laisserai pas prendre mes fils!" aboya le géant en levant un poing rageur.  "Nos frères ont peut être accepté la honte que nous portera tes édits, mais pas moi! Nous devons demeurer ensemble, comme depuis toujours, pour protéger notre père des manigances de l'ennemi! Je ne laisserai pas mes fils se détourner de notre croisade, pour se faire fragmenter de la sorte! Je demeurerai avec eux tous, pour continuer notre croisade, pour me racheter à ses yeux! Pour traquer et punir chacun de nos traîtres de frères comme nous aurions dû le faire dès le début!
-Rogal! "le coupa Guilliman, sa voix claquant comme la foudre.
Rogal Dorn sembla frappé de plein fouet, et s'interrompit dans sa diatribe, laissant son frère s'avancer vers lui, sa voix retrouvant son calme.

"Cesses donc de te blâmer pour tout, je t'en prie mon frère." fit ce dernier en parvenant face à Dorn. "Blâme Horus, blâme Angron, Fulgrim, Mortarion et les autres, mais pas toi. Tu es pur de coeur, et a toujours été fidèle à notre père. Je le sais, et nous le savons tous. Il n'y a que toi qui semble l'oublier. De nous tous tu a toujours été celui qui s'est tenu au plus près de lui pour le défendre.
-Et j'ai échoué!" gronda Dorn avec colère. "J'eus préféré mourir à la place de Sanguinius plutôt que de faire face à tel déshonneur!
-Entends tu la folie de tes paroles?" le coupa à nouveau Guilliman avec véhémence. "Crois tu que de telles paroles rendront honneur au sacrifice de notre frère? Crois tu que tu sers les intérêts de notre père par une telle mortification aveugle et égoïste? Retrouves tes esprits, frère! Cesse donc ces inepties! Crois tu que Corax s’apitoie de la sorte alors que sa légion demeure pratiquement en voie d'extinction?"

L'argument toucha, et Rogal Dorn baissa la tête, presque honteux. Après un instant, il consentit à descendre les marches de la structure pour rejoindre son frère. Ce dernier lui posa la main sur l'épaule, et le regarda droit dans les yeux.
"Il ne s'agit pas de te punir, il ne s'agit pas de punir aucun de nos frères. Il s'agit d'une nécessité. Il s'agit de l'avenir de l'Imperium.
-Je ne peux te laisser briser mes fils en morceaux.
-Serais tu donc prêt à apporter un nouveau conflit fratricide par ton refus? Est-ce ce que tu désire par ton entêtement?" insista doucement Guilliman.
Dorn ne dit rien pendant un long moment, rongé par l'inquiétude, la douleur et son sentiment de culpabilité.
Puis il releva la tête, et son regard se fit dur et résolu.
"Non, bien sûr que non." dit-il. "J'accéderai à ta requête, et les Imperial Fist adopteront les valeurs de ton Codex, même si je t'exprime à nouveau ma désapprobation et ma colère face à une réorganisation aussi honteuse de nos glorieuses légions.
-Et j'entends ta protestation, frère.
-Mais je le jure ici, devant toi, et devant notre père. Plus jamais les Imperial Fist et leurs descendants ne failliront devant l'Empereur. Notre croisade sera éternelle et nous ne trouverons nul repos alors que battent les coeurs de nos vils ennemis."

Son serment prononcé, Rogal Dorn se tourna un instant vers la figure immobile de son père, puis sortit de la salle sans regarder en arrière.
Roboute Guilliman le regarda partir, puis ferma les yeux avant de les rouvrir sur le Trône d'Or. Il courba la tête avec respect et déférence.
"Quelle que soit votre volonté, père, je vous en prie faites en sorte que Rogal la connaisse. Lui, plus que nous tous, en aura besoin."

Puis à son tour, le Primarque des Ultramarines sortit de la crypte, et referma les lourds battants.
L'Histoire de l'Imperium, et de la Galaxie toute entière était une fois de plus en train d'être écrite.
Mais, incarcéré sur son Trône d'Or, l'Empereur aimé de tous n'y prendrait plus part désormais...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire